La justice allemande acquitte la police de la charia qui sévit dans la Ruhr

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A Wuppertal, dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, une autoproclamée police de la charia patrouille dans les rues depuis septembre 2014, qui donne des conseils appuyés directives aux passants quant à leur mode de vie. La prétention des sept hommes à concurrencer la police et tenter d’imposer des quasi-directives fait scandale en Allemagne. La justice vient cependant de déclarer que ces vigiles de la religion sur la chaussée ne commettent aucune infraction, faute de loi condamnant leur activité.

Le Landgericht en formation pénale, l’équivalent du tribunal correctionnel en France, de Wuppertal, a statué en faveur des accusés au nom de la liberté d’expression. En l’occurrence, leur droit de parole se réalise en abordant les passants pour leur demander de suivre les règles islamiques concernant ce qui est halal ou haram, le licite et l’illicite. Ainsi, la police de la charia déconseille de consommer de l’alcool, regarder de la pornographie, jouer ou écouter de la musique. Ce qui est en revanche vivement encouragé, c’est la fréquentation de la mosquée. Cette équipe salafiste, qui arpente les rues et fait l’entrée des discothèques, arbore des gilets fluorescents orange pour se donner un air d’autorité officiel, sur lesquels est écrit Shariah police. Les musulmans sont incités à respecter l’islam, les non-musulmans invités à s’y convertir.

La milice, lancée par Sven Lau, un ancien pompier converti à l’islam radical qui se fait appeler Abou Adam (Le Père d’Adam), avait causé dès ses débuts l’émoi dans la classe politique. Le ministre fédéral de l’Intérieur, Thomas de Maizière, avait martelé : « La charia ne sera pas tolérée sur le sol allemand. Personne ne peut s’arroger le droit d’abuser du nom de la police allemande », et le chef du Gouvernement, Angela Merkel, avait rappelé un principe démocratique fondamental : « L’État dispose du monopole de la violence légitime. Personne d’autre n’est autorisé à se substituer à la police. » L’Association des mosquées de Wuppertal avait déclaré se distancier de cette milice.

Poursuivie une première fois en justice, la police de la charia avait été acquittée en décembre 2015. Le tribunal avait estimé que le gilet incriminé ne constituait pas un moyen de pression sur les passants, qu’il n’intimidait pas. Les uniformes étant interdits aux civils pour contrer leur utilisation par les néo-nazis, la Cour d’appel de Düsseldorf a tout de même décidé en mai de poursuivre ces vigiles. En septembre, a débuté le procès de Sven Lau dans une autre affaire, pour soutien au terrorisme.

La législation allemande n’interdit cependant pas d’aborder des gens dans la rue pour leur donner des conseils religieux. C’est sur ce fondement qu’est autorisée l’activité de cette police, nonobstant le port de l’uniforme. Dans cette région où vit une forte communauté musulmane, la police de la charia impose des obligations au faciès lorsqu’elle demande aux supposés musulmans de respecter leur religion, puisqu’elle considère les personnes ayant apparemment des origines méridionales comme devant être musulmanes. De fait, le mouvement estime que l’État de droit ne concerne pas les musulmans, et instaure donc une législation parallèle qu’il considère comme supérieure, car d’essence divine.

Hans-Søren Dag


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